Le slow travel, qu’est-ce que c’est ?

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Le slow travel : définition et origines

Pour commencer, slow travel se traduit tout simplement par : voyage lent.

Ce type de voyage se définit en opposition avec l’accélération du tourisme de masse depuis les années 1960. Les voyageurs vont de plus en plus loin, de plus en plus souvent et de moins en moins longtemps à chaque voyage (Enquête sur la mobilité des personnes 2018-2019). Bref, les week-ends à New York sont devenus monnaie courante.

Cependant, face au défi posé par le dérèglement climatique, il est irresponsable de persévérer dans cette dynamique. Il est donc plus que nécessaire d’engager nos modes de vie vers une gestion beaucoup plus durable des ressources.

Il devient urgent de ralentir la cadence.

Petit rembobinage pour comprendre les origines du slow travel

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Après la Seconde Guerre Mondiale, et pendant toute la période des Trente Glorieuses (1945-1975), deux mouvements s’accélèrent : la ré-industrialisation de l’Europe (grâce au Plan Marshall) et la diffusion de l’« American Way of Life » dans la culture et les modes de vie.

Ainsi, petit à petit, valeurs et produits américains traversent l’Atlantique : télévision et publicité, réfrigérateur et produits alimentaires industriels, équilibre entre « décontraction » et réussite, mode « prêt-à-porter »… En résumé, il faut consommer vite et « comme … » dans la publicité / telle star : la consommation devient un moyen d’affirmation sociale.

Avoir une maison équipée des dernières innovations technologiques, un travail « de bureau » où l’on grimpe les échelons et du temps pour des loisirs : c’est le triple objectif de la plupart des foyers. La ruralité est dévalorisée, en même temps que la sédentarité : on mesure la réussite sociale à la distance parcourue pour les vacances. Le transport aérien de passagers se développe de plus en plus.

L’association Slow Food

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C’est dans ce contexte de profond changement des sociétés que se développent les fast-foods. Grâce au système de franchise, les enseignes américaines arrivent en Europe avec les hamburgers dans les années 1970-1980. Dans les pays d’Europe du Sud (Espagne, France, Italie…) où le temps du repas est culturellement plutôt long, c’est un peu le choc des cultures.

En Italie, un journaliste spécialisé dans la gastronomie, Carlo Petrini, se bat contre l’uniformisation et l’industrialisation de l’alimentation. En 1986, suite à une manifestation contre l’ouverture d’un fast food à Rome, il crée l’association « Arci Gola » dans le but de rendre ce combat plus pérenne. C’est un franc succès ! En 1989, l’association s’internationalise pour devenir « Slow Food International » avec pour symbole un petit escargot. Signé par 15 pays, son manifeste se déclare « contre la folie universelle de la vie rapide, nous devons choisir la défense du plaisir matériel tranquille. […] Commençons dès la table avec Slow Food, contre l’aplatissement du fast food pour redécouvrir la richesse et les arômes des cuisines locales. »

Aujourd’hui l’association est présente dans 160 pays. Au delà de la préservation des gastronomies locales, elle lutte pour la préservation de la biodiversité à travers l’agriculture paysanne respectueuse de son environnement.

L’extension du mouvement slow à tous les domaines

Dans les années 1990, suite aux chocs monétaires et pétroliers des années 1970 et avec l’inflation des années 1980, de plus en plus de gens critiquent l’essor économique « frénétique » des Trente Glorieuses. On voit de plus en plus les limites d’une telle accélération et le discours de la slow food résonnent avec d’autres domaines.

C’est dans ce contexte que le norvégien Geir Berthelsen crée en 1999 l’Institut Mondial de la Lenteur (The World Institute of Slowness). Dans son livre de 2004, In Praise of Slow, le journaliste canadien Carl Honoré décrit le mouvement slow ainsi :

« La philosophie Slow ne consiste pas à tout faire à la vitesse d’un escargot. Il s’agit de chercher à tout faire à la bonne vitesse. Savourer les heures et les minutes plutôt que de les compter. Tout faire du mieux possible, plutôt que le plus vite possible. Il s’agit de privilégier la qualité à la quantité dans tous les domaines ».

Ainsi, de nombreuses associations voient le jour dans chaque domaine : slow fashion, slow art …

La naissance du concept de « slow travel »

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En 2009, les journalistes anglo-allemandes Nicky Gardner et Susanne Kries du magazine Hidden Europe publient un « Manifeste du Slow Travel ». Elles y définissent le slow travel ainsi :

« Le slow travel remodèle également notre relation aux lieux […] « L’art de vivre », dit Carlo Petrini, le fondateur charismatique du mouvement Slow Food, « c’est apprendre à donner du temps à chaque chose. » Et cela doit certainement inclure le voyage. »

Pour le clin d’oeil, Carlo Petrini est le fils d’une marchande de légumes et d’un cheminot : comme quoi, le lien entre slow food et slow travel était déjà là !

Le slow travel : à quoi ça sert ?

Une façon de voyager plus sereine

« La vitesse détruit le lien avec le paysage. Voyager lentement le rétablit. » (Manifeste du Slow travel)

Au-delà du simple fait de ralentir, le slow travel permet de mieux profiter de chaque endroit découvert. Prendre son temps en chemin et s’imprégner de chaque lieux, voilà l’idée. Dans une société où le stress chronique touchent de plus en plus de monde, ralentir est une véritable thérapie.

Dans notre article sur l’éco-anxiété, découvrez comment le slow travel permet de reconnecter avec la nature, la culture et les autres.

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Une façon de voyager plus durable

Le slow travel partage de nombreuses valeurs avec l’écotourisme ou le tourisme responsable. En effet, grâce à ses principes à l’encontre de la « croissance infinie », le slow travel prône finalement la sobriété.

Voyager lentement évite d’utiliser des moyens de transport rapides très gourmands en énergie comme l’avion ou la voiture. Cela permet aussi d’utiliser des moyens de transport qui abîment moins l’environnement car ils demandent moins d’artificialisation des sols, comme le vélo ou la marche.

Prendre le temps de vraiment découvrir les cultures locales permet de préserver l’économie locale, son artisanat, ses traditions et sa gastronomie.

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Tout cela concourt à la poursuite des 5 des 17 Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU :
Travail décent et croissance économique : maintien de l’emploi dans les zones en dehors du tourisme de masse.
Inégalités réduites : redynamiser des zones « oubliées » du tourisme.
Villes et communautés durables : soutien à la demande en mobilités douces pour stimuler le développement de son offre.
Consommation et production responsables : voyageurs dans l’optique slow y compris dans leur mode de consommation alimentaire sur place
Lutte contre le changement climatique : réduction des émissions de gaz à effet de serre

Le slow travel : comment voyager plus lentement ?

Des modes de transport « doux »

Le slow travel c’est faire des choix conscients comme le dit le « Manifeste du Slow Travel ».

Exemples :

• Prendre le train plutôt que l’avion ou la voiture pour les longues distances terrestres
• Prendre le bateau plutôt que l’avion pour les traversées maritimes (le voilier c’est encore mieux quand l’alternative existe)
• Utiliser les transports en commun plutôt que la voiture pour les plus petites distances (à l’échelle d’une région ou d’une ville)
• Privilégier le vélo ou la marche, plutôt que la voiture, pour les petites distances

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Un rythme qui prend le temps de la découverte

Au-delà des modes de transports, l’idée du slow travel est de prendre son temps. Plutôt que d’enchaîner les trajets jusqu’à une destination « but », il s’agit de découvrir en chemin.

C’est exactement le concept de nos boucles itinérantes : nous ne faisons pas de voyage aller-retour vers une seule et unique destination, en oubliant complètement par où l’on passe pour y aller (et en revenir). Bien au contraire, l’idée est proposer des voyages itinérants où la découverte est permanente et variée toute au long du parcours.

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Des rencontres avec les locaux

Le slow travel offre l’opportunité de vivre au rythme de la population locale et non pas à celui d’un simple « touriste » (qui fait un « tour » et puis s’en va…).

Tout d’abord, en utilisant les transports en commun, on se mêle à la population, on y fait même parfois d’improbables rencontres, que l’on voyage solo, en couple ou en famille. Se sont ces souvenirs de rencontres qui sont souvent les plus forts d’un voyage.

Ensuite, dormir chez l’habitant ou dans des petites structures familiales tenues par des locaux est un excellent moyen d’établir le contact avec la culture du pays dans lequel on se trouve. N’hésitez pas aussi à apprendre quelques mots et expressions dans la langue du pays pour faire un pas vers eux et ouvrir la conversation.

Le voyage est un échange : le voyageur apprend de son hôte et l’hôte apprend du voyageur.

Et puis surtout, ne manquez pas de faire le plus d’expériences comme les locaux : acheter des légumes au marché, vous installer dans un café ou un parc pour simplement regarder les passants, aller au cinéma ou au théâtre, aller à la bibliothèque / à la piscine municipale, faire sa lessive dans une laverie… Des choses simples qui rendent le voyage immersif.

Des découvertes culinaires vraiment locales

Rien de tel pour une immersion savoureuse dans la culture locale que de goûter ses spécialités gastronomiques. Pour cela, suivez les principes de la Slow Food : des produits locaux et de saison pour des recettes artisanales traditionnelles ou inventives, mais toujours dans le respect de l’environnement naturel et humain.

Très bien, mais comment trouver ces bonnes adresses ? Faîtes-nous confiance ! Nous avons recherché à chaque étape les restaurants les plus « slow » qui existent localement : ce sont des adresses soit respectueuses de l’environnement (circuit court et/ou bio, ou bien avec options végétariennes / végétaliennes) soit parfaitement ancrées dans leur territoire culturel (spécialités régionales et/ou circuit court).

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Où voyager « slow » ?

En Italie : « Chi va piano va sano »

Suivez le guide !

Rien de tel que notre voisine transalpine pour mettre en pratique un concept très « dolce vità » ! C’est en Italie que le mouvement slow est né après tout !

Grâce à son réseau de transports en commun, vous pourrez découvrir toute la richesse que l’Italie a à offrir ! Alors embarquez pour l’une de nos boucles à la découverte de la botte italienne, c’est par ici.

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En Suisse : « Y’a pas l’feu au lac »

Rendez-vous au bord du Lac Léman pour commencer à explorer la douce et surprenante Suisse. Douce car s’y déplacer sans voiture est simple comme bonjour. Surprenante car elle réserve des paysages mais aussi des petites pépites culturelles insoupçonnables !

Alors, prenez le temps de parcourir ses vallées, grimpez vers ses sommets et déguster ses délicieuses spécialités culinaires. Et puis, n’hésitez pas à profiter de la position centrale du pays pour le combiner avec l’Italie ou l’Allemagne. Besoin d’idées ? C’est par là !

Crédit Photo : 1164145 de Pixabay

Au Royaume-Uni : « Relax, take it easy »

C’est au Pays-de-Galles que le premier train au monde effectua son trajet inaugural ! Toujours au tableau des records : le tunnel sous la Manche qui est celui avec la portion sous-marine la plus longue du monde. On en a de la chance quand même 😉

Allez hop ! On saute dans l’Eurostar et on embarque Outre-Manche. Le Royaume-Uni est si varié en paysages et en culture qu’il y en a pour tous les goûts. Suivez nos recommandations pour explorer sereinement ses villes chargées en histoire, ses petits villages champêtres « so lovely », randonner sur les sentiers de ses superbes parcs nationaux ou rejoindre des contrées sauvages insoupçonnées… Let’s go ? This way please.

Crédit Photo : David Knibbs

Et bien d’autres !

Pour conclure, le champion du réseau de transports en commun en Europe, c’est l’Allemagne : avec environ 40 000 km de voies ferrées et plus de 300 gares, difficile de faire plus dense. Prenez le temps de voyager sur ses petites lignes régionales pour découvrir les beautés méconnues d’Outre-Rhin. On y admire des châteaux forts perdus dans la forêt, des villages de maisons à colombages et des villes, beaucoup de villes, toutes plus belles les unes que les autres… Mais tellement plus encore ! Ses parcs naturels, ses montagnes offrent des panoramas fantastiques, qu’il faut prendre le temps d’apprécier. Vous serez surpris de découvrir tout la diversité de paysages que l’Allemagne a à offrir !

Découvrez nos boucles itinérantes en Allemagne !

Et puis, l’Allemagne est aussi une magnifique étape sur le chemin vers d’autres contrées idéales pour mettre en pratique le slow travel : la Scandinavie ou l’Europe de l’Est. Alors, venez découvrir toutes nos idées 😉

Crédit Photo : Stock Colors (Getty Images)