Surtourisme : un défi croissant pour les voyageurs responsables
Quand le voyage responsable devient un enjeu, décryptage d’un phénomène en expansion, le surtourisme.
Crédit photo : Brittany Chastagnier
Le tourisme a profondément changé. Et il y a de fortes chances que vous l’ayez expérimenté.
Avez-vous déjà connu cette sensation d’étouffement dans un site touristique ? Ou avez-vous visité un site naturel, mais au lieu du calme espéré, il était bondé par des milliers d’autres visiteurs, présents au même endroit et au même moment que vous ?
Ces scènes se multiplient ces dernières années. Avec des sites où des groupes se massent, où des personnes font la queue pour faire la même photo. Une affluence excessive qui n’est pas sans conséquence sur les lieux visités…
Nous sommes de plus en plus nombreux à chercher à voyager de manière plus responsable, en minimisant notre impact. On pense forcément à l’empreinte carbone de notre voyage, mais peut-être moins à l’impact que nous laissons sur les lieux que nous visitons. Mais pour un voyageur responsable aujourd’hui, il est impossible d’ignorer un phénomène en constante croissance depuis une décennie : le surtourisme.
Le boom du tourisme, opportunité ou nuisance ?
En seulement 70 ans, le tourisme a explosé, passant de 25 millions de touristes dans les années 50 à plus d’1,5 milliard aujourd’hui.
Les projections anticipent une augmentation continue, avec un potentiel qui pourrait atteindre 2,5 milliards de touristes au-delà de 2040….soit quasiment demain.
Mais tout le problème réside dans la concentration de ces flux touristiques sur un nombre restreint de destinations. Selon l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), 95% des touristes visiteraient en effet moins de 5% des terres émergées.
Et pour certaines destinations, l’afflux de touristes les met au bord de l’asphyxie.
Crédit infographie : Detour Odyssey
Pensons à Venise, qui est souvent associée au surtourisme. En 2022, près de 9 millions de touristes ont visité la Cité des Doges, où vivent 250 000 personnes dans la zone métropolitaine. D’autres exemples y compris en France sont frappants : comme Etretat avec 1,5 millions de visiteurs pour seulement 1 200 habitants.
La surfréquentation contraint même certaines destinations à mettre en place des mesures restrictives. On peut évoquer Dubrovnik, Barcelone ou le parc national des calanques de Marseille où le tourisme devient une menace le patrimoine et les écosystèmes….
Les impacts de la surfréquentation touristique
Quand des destinations enregistrent un afflux de visiteurs massif même si cela est saisonnier, il y a des conséquences profondes. Des transformations s’opèrent tant au niveau environnemental que social.
Impact environnemental : Des écosystèmes en péril
Une concentration humaine intense entraine inévitablement des répercussions environnementales négatives.
Une augmentation de la pollution
La surfréquentation touristique entraîne l’augmentation des flux de personnes, de l’usage des transports qu’ils soient aériens ou motorisés. Elle provoque une augmentation des pics de pollution et une dégradation de la qualité de l’air. De nouvelles solutions émergent aujourd’hui pour étudier les effets de la fréquentation touristique sur la qualité de l’air et des sols, comme la technologie de la société Murmuration basée à Toulouse. Et au vu de l’analyse des données, une chose est claire : une destination surfréquentée va subir des impacts environnementaux forts notamment sur la pollution atmosphérique, pollution des sols ou des eaux par rejet des eaux usées.
Une destruction des écosystèmes et disparition de la biodiversité
Une présence humaine excessive perturbe les écosystèmes et menace la biodiversité. C’est malheureusement un fait. Le piétinement quotidien de milliers de personnes, le bruit et les afflux massifs peuvent déstabiliser les espèces animales et détruire une partie de la végétation…. Cela peut provoquer une érosion accentuée comme dans les calanques à Marseille ou les falaises à Etretat ou à une destruction d’écosystèmes entiers comme les récifs coralliens dans certaines régions comme la Thaïlande.
Crédit photo : Site Parc national calanques
Une surconsommation et une augmentation des déchets
Crédit infographie : WWF – Rapport Reviving Mediterranean sea economy
Le tourisme de masse accroît également drastiquement la consommation de ressources naturelles et génère une quantité importante de déchets. Avec une population qui augmente de manière exponentielle à certaines périodes dans ces régions, les besoins en énergie, en eau et en nourriture suivent le même rythme.
Un rapport du WWF sur le tourisme en Méditerranée évoque ainsi qu’un touriste consomme en moyenne 3 à 4 fois plus d’eau qu’un résident.
Et cela peut poser de vrais problèmes quand les ressources sont déjà par ailleurs limitées. La deuxième conséquence de cette consommation plus importante est la production de déchets qui malheureusement peut souvent finir dans la nature. Ainsi le même rapport du WWF estime que 52% des déchets en Méditerranée sont directement liés au tourisme balnéaire.
Selon une étude de la fondation Ellen Mac Arthur, il est estimé qu’en 2050 il y aura plus de plastique dans les océans que de…poissons. Une vraie menace pour la faune, en particulier les oiseaux et mammifères marins.
Impact social : Une vie locale perturbée
Depuis quelques années, nous prenons de plus en plus conscience des impacts également sociaux du surtourisme. Le sujet a pris de l’ampleur car des populations locales ont commencé à ouvertement s’exprimer contre ces afflux massifs de voyageurs. Ils chamboulent leur quotidien et leur qualité de vie. Un phénomène que l’OMT a même désigné sous le terme de « tourismophobie ».
Un tissu local transformé
La présence touristique modifie les besoins et l’écosystème commercial. Des boutiques de souvenirs vont émerger et se multiplier, des bars et des restaurants vont se développer au détriment de commerces de proximité. La conséquence peut être la transformation complète de quartiers en quartiers « touristiques » avec boutiques de souvenirs qui se répliquent sur des rues entières ou des zones qui se spécialisent dans la vie nocturne avec bars, clubs pour une activité purement saisonnière.
La gentrification des centre-villes et la problématique du logement
Le surtourisme est un facteur déstabilisant du marché du logement. L’afflux de touristes génère un développement majeur de l’offre touristique avec des hôtels mais aussi des hébergements meublés de courte durée (popularisé par des acteurs comme AirBnB). Les logements pour les habitants deviennent alors plus rares et les prix de l’immobilier augmentent pour les populations locales.
Les centre-villes deviennent alors inaccessibles pour les classes modestes et populaires. Ces quartiers se gentrifient avec des habitants provenant majoritairement de classes aisées. Une grande partie des habitants est alors contrainte de se loger en périphérie ou dans d’autres villes limitrophes et la ville se vide de ses habitants….
Barcelone est une des villes par exemple où les résidents ont manifesté ouvertement sur les impacts négatifs du surtourisme et les difficultés pour se loger. Plus proche de nous, certaines destinations en Bretagne deviennent également particulièrement problématiques.
Crédit photo : Carlos Vega
Les villes perdent alors leur âme et deviennent parfois des sortes de « Disneyland », avec un centre-ville principalement dédié au tourisme au détriment de leur authenticité et de leur vie locale.
Surtourisme : Comprendre ses causes et agir pour un tourisme responsable
Le surtourisme, phénomène en pleine expansion depuis une décennie, trouve ses racines dans divers facteurs qui ont amplifié son apparition et sa croissance fulgurante dans de nombreuses destinations.
Démocratisation et accessibilité
Crédit photo : Elio Santos
L’un des principaux catalyseurs de cette vague touristique est la démocratisation du voyage.
Les infrastructures de transport se sont développées et sont plus abordables qu’elles ne l’étaient il y a 50 ans. L’émergence des compagnies aériennes low cost à partir des années 1990 a révolutionné le secteur. Ces compagnies ont permis à de nouvelles populations de voyager plus loin et plus souvent. Les croisières ont suivi la même tendance avec des acteurs proposant des formules « tout compris » à des tarifs attractifs pour cibler un nouveau profil de voyageurs.
L’influence des réseaux sociaux et des médias
L’essor des réseaux sociaux, en particulier d’Instragram a amplifié le phénomène. Ces plateformes sont devenues des espaces de partage de vacances et de clichés époustouflants, qui ont créé une norme. En parallèle, les influenceurs voyage et les médias spécialisés ont transformé certaines destinations en de véritables « spots instagrammables » avec de superbes clichés, qui magnifient le lieu. Des milliers de personnes tombent sous le charme et ne souhaitent plus qu’une chose…..visiter cette destination et même pour beaucoup reproduire ces photos emblématiques.
Crédit photo : Bastian Riccardi
En dehors des réseaux sociaux, l’industrie du divertissement et les médias contribuent également à mettre en lumière une destination. On peut penser à Game of Thrones qui a popularisé Dubrovnik, lieu de tournage de la série, entrainant une augmentation massive de touristes dans la cité croate….au point, qu’elle a été à deux doigts d’intégrer la liste des sites en péril par l’UNESCO.
Pression économique : l’impact de l’industrie touristique
Le tourisme, en tant que moteur économique, est en général une aubaine. Il stimule l’activité économique, crée des emplois et des revenus pour les collectivités locales. Et dans certains lieux, il peut devenir une source importante voire critique du tissu économique. Pourtant lorsque le tourisme vire au surtourisme, les bienfaits initiaux laissent place aux conséquences environnementales et sociales négatives. Le défi repose sur l’équilibre délicat à trouver entre montée des conséquences et maintien du moteur économique pour de nombreux résidents.
Crédit photo : @seeityourselfnl
En premier lieu, les destinations sont ainsi favorables à la mise en avant par les agences de voyages ou la promotion faite par les compagnies low cost. Car ces acteurs orientent fortement les choix des voyageurs par l’offre de voyages qu’ils proposent. Mais quand un lieu est touché par le surtourisme, préserver le lieu prend le pas sur sa promotion.
Les collectivités peuvent alors adopter des mesures restrictives : quotas comme pour certains sites à Barcelone, frais d’entrée pour Venise, interdiction des bateaux de croisière à Amsterdam, et même parfois déployer des campagnes de « démarketing » pour dissuader les visiteurs. Le parc national des calanques de Marseille a fait ce choix par exemple en expliquant clairement ce que sera leur expérience aux voyageurs. Avec des termes comme « survivre aux Calanques », le ton est donné pour tout visiteur des Calanques en période estivale….
Voyager autrement, en conscience de son impact, c’est considérer un voyage à faible impact carbone mais également respectueux des lieux visités. Pour que notre présence ne soit pas source de dégradation ou destruction. Chez Detour Odyssey, nous encourageons des voyages à faible empreinte carbone et apaisés….pour une expérience de voyage respectueuse de la planète et des destinations visitées.
N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus sur nos voyages bas carbone et responsables.